•  

    Comme à chaque élection, nous avons eu droit, sur les chaînes de télévision, à des "micro-trottoirs" donnant la parole à des abstentionnistes.

    J'avoue que le micro complaisamment tendu à ces gens m'énerve, et m'énerve de plus en plus. Car çà contribue, me semble-t-il, à légitimer le fait de ne pas aller voter.

    Eh oui, à les entendre, quoi de plus normal que de ne pas aller voter? Parce que les hommes politiques ne s'occupent pas de nous, parce qu'on a pas le temps d'aller voter. Et évidemment, jamais personne pour répondre à ces gens-là. Personne pour leur demander le temps qu'ils passent devant des matches de football, devant des séries américaines à la télévision, à tous ces gens "normaux" qui sont tellement débordés qu'ils ne trouvent pas une heure de libre pour lire les professions de foi des candidats et une heure pour se déplacer vers leur bureau de vote.

    Pour finir, je ne peux pas oublier le sort réservé aux soirées électorales. Fini le temps où, sur toutes les chaînes, la soirée du dimanche était consacrée aux résultats de l'élection, et à l'analyse des situations électorales locales. Parmi les grandes chaînes de télévision généralistes, une seule a animé une soirée électorale: France 3. Une seule! La télévision d'Etat France 2 avait mieux à nous offrir: une rediffusion de film le soir des deux tours des élections. Sur TF1, la plus importante télévision privée du pays, ce fut une rediffusion de film le soir du premier tour, et un match de football le soir du second. C'est aussi dans les programmes de télévision qu'on peut voir l'affaissement civique du pays.

     


    votre commentaire
  •  

    Cette année, les commentaires sur les résultats des élections départementales dans les médias dominants ont été surréalistes.

    Tout d'abord, le référentiel de comparaison choisi a été particulièrement bizarre. La logique est de comparer les résultats aux résultats des élections précédentes, dans ce cas précis, les précédentes cantonales de 2011 ou les européennes de 2014. En gardant en mémoire que les européennes sont certes plus récentes, mais qu'elles représentent un scrutin plus "national", par rapport aux départementales qui sont plus "locales"; et que les européennes se jouent à la proportionnelle, alors que les départementales sont au scrutin majoritaire. De manière à nuancer parfois les conclusions qu'on peut tirer des comparaisons. Mais les commentateurs ont commenté les résultats par rapport aux sondages! Et donc, certains ont décrété que le premier tour était un succès pour le PS, puisqu'il s'en sortait mieux que ce qui était prédit par les sondages, et un échec pour le FN, puisqu'il ne faisait "que" 25%, au lieu des 28 à 30 % indiqués dans les sondages. Le FN obtenait 15% en 2011, il obtient 25% aujourd'hui: comment y voir un échec? Les sondages lui avaient prédit 30%, c'est donc un échec; si les sondages lui avaient prédit 20%, ç'aurait été un succès! Le fait d'utiliser des données virtuelles, les sondages, au lieu des données réelles, les résultats des élections précédentes, est une aberration totale qui en dit long sur le désarroi intellectuel des médias dominants.

    Autre exemple de commentaire aberrant. Le front national n'a pas conquis de département; cette élection serait donc un échec pour lui. C'est évidemment faux. Il passe de 2 conseillers généraux à 62 conseillers départementaux. Ses concurrents de la ligue du sud dans le Vaucluse passent de 2 à 4 conseillers. C'est indéniablement un saut considérable, qui sera en outre utile pour l'élection présidentielle, quand il faudra chercher 500 signatures. En revanche, les médias, qui répètent qu'il s'agit d'un échec, n'ont pas l'idée de s'interroger sur un mode de scrutin qui attribue 1,5% des sièges à un parti qui recueille 25% des suffrages....

    Enfin, une question qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive: quel est l'ordre d'arrivée au premier tour? Suivant les journaux, les chaînes de télévision, les commentateurs, les représentants des partis politiques, les résultats étaient complètement différents, les scores étaient différents, l'ordre d'arrivée était différent: pour certains, quand ils mentionnaient l'UMP, ils parlaient de l'UMP seule; pour d'autres de l'UMP et de l'UDI; pour d'autres de l'UMP, de l'UDI et des divers droite. Idem pour le PS et ses alliés. Certains ont publié des cartes montrant dans quels départements le FN est arrivé en tête; elles sont bien sûres différentes les unes des autres, en raison de l’ambiguïté susmentionnée. Pour ajouter à la complexité de l'affaire, il faut se rappeler que tous les partis ne présentaient pas de candidats dans tous les cantons. Il faut aussi voir que dans chaque canton, les candidats n'étaient pas des individus, mais des binômes. Selon les cantons, on pouvait donc avoir un binôme UMP-UMP, UMP-UDI, UMP-divers droite. Quant à eux, les écologistes étaient parfois en binôme avec le parti socialiste, parfois en binôme avec le front de gauche (communistes) opposé au gouvernement socialiste. On le voit, il est impossible de fournir une photographie incontestable. C'est la raison pour laquelle je m'abstiens de prendre parti. J'ai seulement donné le score du FN, qui lui est incontestable, car il présentait des binômes de candidats FN dans la quasi-totalité des cantons; le bilan droite-gauche, car il est possible d'additionner globalement les binômes de droite ou de gauche; le bilan des présidences de conseils départementaux.

     


    votre commentaire
  •  

    Les élections départementales des 22 et 29 mars ont, comme prévu, été une lourde défaite pour la gauche, et constituent une victoire pour l'UMP et le FN.

    A l'issue du premier tour, l'UMP et ses alliés de l'UDI apparaissent en position de force; tandis que le front national améliore très légèrement son score des élections européennes de l'année dernière, mais, surtout, progresse de manière spectaculaire par rapport aux précédentes élections cantonales de 2011 (25,24% contre 15,06% en 2011). Le PS est éliminé d'environ 500 cantons avant le second tour.

    Lors du premier tour, les droites (FN, UMP, UDI, MODEM, divers droite) ont obtenu 62% des voix, ce qui constitue un résultat spectaculaire. Il faut néanmoins relativiser un peu ce rapport de force. En effet, deux villes ne votaient pas lors de cette élection: Paris et Lyon. Si les électeurs de ces deux communes avaient voté, leurs suffrages auraient été plus à gauche que la moyenne nationale; ce qui aurait fait un peu baisser ce score de 62% pour les forces de droite. Il n'y avait pas non plus d'élections dans les département de Guyane ni de Martinique.

    Le second tour confirme la débâcle du parti socialiste. L'UMP et l'UDI conquièrent de nombreuses présidences de département. Le front national augmente nettement son nombre d'élus.

    Ce jeudi 2 avril avait lieu l'élection des présidents de département par les conseillers départementaux. Avant les élections, sur 98 départements renouvelables, 57 étaient à gauche et 41 à droite. Les nouveaux présidents de conseils départementaux sont partagés à 31 pour la gauche et 67 pour la droite. Un seul département bascule à gauche: la Lozère, qui était à droite depuis 1945. Les présidents de 27 départements de gauche passent à droite. Ce qui donne un solde global de 26 en faveur de la droite. Il faut noter que les Bouches du Rhône, qui étaient à gauche depuis la fin de la seconde guerre mondiale, passent à droite, ce qui est historique. Trois départements sont composés uniquement de conseillers de droite: les 42 conseillers élus dans les Yvelines sont de droite, alors que 28 des 39 conseillers étaient à droite avant les élections; en Haute-Savoie, les 34 conseillers sont désormais de droite, la gauche ayant perdu les 3 sièges sur 34 qu'elle détenait auparavant; les 46 conseillers élus dans le Var sont de droite (26 UMP, 6 FN, 5 UDI et 9 divers droite), alors que 33 des 43 conseillers l'étaient avant les élections (23 UMP, 1 FN, 1 UDI et 8 divers droite). Les communistes présidaient deux départements avant ces élections, l'Allier et le Val de Marne; ils perdent le premier mais conservent la présidence du second.

    Les départements qui restent à gauche sont essentiellement dans le Sud-Ouest de la France. L'ancrage à gauche y reste particulièrement important. Dans l'Ariège, le conseil départemental comprend 23 conseillers de gauche sur un total de 26; dans l'Aude, 36 sur 38; en Haute-Garonne, 48 sur 54; dans le Lot, 30 sur 34.

     


    votre commentaire
  •  

    Avec l'élection de binômes, tous les conseils départementaux vont désormais avoir un nombre pair d'élus.

    Or, pour éviter d'avoir une stricte égalité des voix dans une assemblée, il est préférable d'avoir un nombre impair d'élus.

    En France, l'assemblée nationale comprend 577 députés. Le sénat français comprend certes maintenant 348 membres, mais, au début de la Vème République, en 1958, il en comptait 301 (en incluant évidemment les sénateurs des départements algériens).

    La chambre des représentants américaine comprend 435 membres. Le sénat américain est composé de 100 sénateurs (2 par Etat). Mais le président du sénat n'est pas élu par les sénateurs; c'est le vice-président des Etats-Unis qui est le président du sénat.

    Pour les élections municipales françaises, le tableau ci-après montre la composition du conseil municipal en fonction du nombre d'habitants de la commune.

     

    Taille de la commune   Nombre de conseillers municipaux
    moins de 100 
    100-500   11
     500-1.500  15
    1.500-2.500   19
    2.500-3.500 23
    3.500-5.000 27
     5.000-10.000  29
     10.000-20.000  33
    20.000-30.000   35
    30.000-40.000 39
    40.000-50.000 43
    50.000-60.000 45
    60.000-80.000 49
    80.000-100.000 53
    100.000-150.000 55
    150.000-200.000 59
    200.000-250.000   61
    250.000-300.000  65 
    plus de 300.000   69
     Lyon 73 
     Marseille  101
     Paris  163

     

    On le voit. Les institutions prévoient souvent un nombre impair d'élus dans les assemblées, afin de favoriser l'existence d'une majorité. Comme on ne peut être à l'abri d'une égalité (décès, démission d'un élu,...), des mécanismes exceptionnels sont prévus, afin d'éviter un blocage des institutions: élection du candidat le plus vieux au fauteuil de président, voix double pour le président en cas d'égalité dans le vote du budget. Mais ces dispositifs, s'ils permettent d'éviter un blocage complet, s'ils permettent de conserver des institutions fonctionnant légalement, ne sont qu'un pis-aller; il n'est pas spécialement glorieux d'être élu président au bénéfice de l'âge....

    Le mode de scrutin des départementales va multiplier les cas d'élections au bénéfice de l'âge; pas forcément cette année, mais à l'occasion des prochains renouvellements peut-être. Il est dommage que le gouvernement ait privilégié la lubie d'avoir une égalité rigoureuse entre hommes et femmes dans chaque conseil départemental; au détriment de la stabilité des institutions.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique