• Méthodologie électorale

     

    Cette année, les commentaires sur les résultats des élections départementales dans les médias dominants ont été surréalistes.

    Tout d'abord, le référentiel de comparaison choisi a été particulièrement bizarre. La logique est de comparer les résultats aux résultats des élections précédentes, dans ce cas précis, les précédentes cantonales de 2011 ou les européennes de 2014. En gardant en mémoire que les européennes sont certes plus récentes, mais qu'elles représentent un scrutin plus "national", par rapport aux départementales qui sont plus "locales"; et que les européennes se jouent à la proportionnelle, alors que les départementales sont au scrutin majoritaire. De manière à nuancer parfois les conclusions qu'on peut tirer des comparaisons. Mais les commentateurs ont commenté les résultats par rapport aux sondages! Et donc, certains ont décrété que le premier tour était un succès pour le PS, puisqu'il s'en sortait mieux que ce qui était prédit par les sondages, et un échec pour le FN, puisqu'il ne faisait "que" 25%, au lieu des 28 à 30 % indiqués dans les sondages. Le FN obtenait 15% en 2011, il obtient 25% aujourd'hui: comment y voir un échec? Les sondages lui avaient prédit 30%, c'est donc un échec; si les sondages lui avaient prédit 20%, ç'aurait été un succès! Le fait d'utiliser des données virtuelles, les sondages, au lieu des données réelles, les résultats des élections précédentes, est une aberration totale qui en dit long sur le désarroi intellectuel des médias dominants.

    Autre exemple de commentaire aberrant. Le front national n'a pas conquis de département; cette élection serait donc un échec pour lui. C'est évidemment faux. Il passe de 2 conseillers généraux à 62 conseillers départementaux. Ses concurrents de la ligue du sud dans le Vaucluse passent de 2 à 4 conseillers. C'est indéniablement un saut considérable, qui sera en outre utile pour l'élection présidentielle, quand il faudra chercher 500 signatures. En revanche, les médias, qui répètent qu'il s'agit d'un échec, n'ont pas l'idée de s'interroger sur un mode de scrutin qui attribue 1,5% des sièges à un parti qui recueille 25% des suffrages....

    Enfin, une question qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive: quel est l'ordre d'arrivée au premier tour? Suivant les journaux, les chaînes de télévision, les commentateurs, les représentants des partis politiques, les résultats étaient complètement différents, les scores étaient différents, l'ordre d'arrivée était différent: pour certains, quand ils mentionnaient l'UMP, ils parlaient de l'UMP seule; pour d'autres de l'UMP et de l'UDI; pour d'autres de l'UMP, de l'UDI et des divers droite. Idem pour le PS et ses alliés. Certains ont publié des cartes montrant dans quels départements le FN est arrivé en tête; elles sont bien sûres différentes les unes des autres, en raison de l’ambiguïté susmentionnée. Pour ajouter à la complexité de l'affaire, il faut se rappeler que tous les partis ne présentaient pas de candidats dans tous les cantons. Il faut aussi voir que dans chaque canton, les candidats n'étaient pas des individus, mais des binômes. Selon les cantons, on pouvait donc avoir un binôme UMP-UMP, UMP-UDI, UMP-divers droite. Quant à eux, les écologistes étaient parfois en binôme avec le parti socialiste, parfois en binôme avec le front de gauche (communistes) opposé au gouvernement socialiste. On le voit, il est impossible de fournir une photographie incontestable. C'est la raison pour laquelle je m'abstiens de prendre parti. J'ai seulement donné le score du FN, qui lui est incontestable, car il présentait des binômes de candidats FN dans la quasi-totalité des cantons; le bilan droite-gauche, car il est possible d'additionner globalement les binômes de droite ou de gauche; le bilan des présidences de conseils départementaux.

     


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