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    Les 6 et 13 décembre 2015 étaient organisées les élections régionales françaises. Les précédentes avaient eu lieu en 2010; la gauche avait remporté un succès considérable, en gagnant 21 des 22 régions métropolitaines; seule l'Alsace restait dirigée par la droite. Celles de cette année se sont tenues après la réforme qui a regroupé certaines régions, qui sont désormais au nombre de 13 en métropole. Les conseillers sont élus dans un scrutin de liste, dans lequel 25% des sièges sont attribués à la liste arrivée en tête, et les 75% restants sont partagés entre toutes les listes ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés (y compris la liste arrivée en tête).

    La participation au premier tour était nettement supérieure à celle des régionales de 2010 (49,91% contre 46,33%). Au second tour, elle progresse de manière spectaculaire à 58,41% (contre 51,21% en 2010).

    Les résultats montrent une forte poussée du front national, qui obtient au premier tour 27,73% des voix (11,42% en 2010).

    Le tableau ci-dessous montre le score obtenu par les trois premiers partis ou coalitions au premier tour de 2015. Non seulement le FN arrive en tête, mais il faut de plus noter que les deux scores suivants ne sont pas obtenus par un seul parti, mais par une coalition, ce qui rend le score du FN encore plus remarquable.

     FN  27,73%
     UMP-UDI-MODEM  26,65%
     PS-PRG  23,12%

     

    Le tableau suivant détaille le score obtenu par le FN dans chaque région aux deux tours, le nombre de listes présentes au second tour, le nombre total de sièges par région, puis le nombre d'élus FN. En PACA et en Nord-Pas de Calais Picardie, le PS a retiré sa liste au second tour, et appelé à voter pour la liste UMP-UDI. 

    REGION 1er tour 2nd tour

    nombre

    de listes

    restant au

    second tour

    sièges élus FN
     Alsace Lorraine Champagne-Ardennes  36,07%  36,08%  3  169  46
     Aquitaine Poitou Charente Limousin  23,23%  21,67%  3  183  29
     Auvergne Rhône-Alpes  25,52%  22,55%  3  204  34
     Bourgogne Franche-Comté  31,48%  32,44%  3  100  24
     Bretagne  18,17%  18,87%  3  83  12
     Centre  30,48%  30,00%  3  77  17
     Corse  10,58%  9,09%  4  51  4
     Ile-de-France  18,41%  14,02%  3  209  22
     Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon  31,83%  33,87%  3  158  40
     Nord-Pas de Calais Picardie  40,64%  42,23%  2  170  54
     Normandie  27,71%  27,50%  3  102  21
     PACA  40,55%  45,22%  2  123  42
     Pays de la Loire  21,35%  19,74%  3  93  13
     Guadeloupe  1,40%  X  2  41  0
     Guyane   X  X  2  51  0
     Martinique  X  X  2  51  0
     Réunion  2,39%  X  2  45  0

      

    Les résultats du second tour donnent 5 régions métropolitaines à la gauche, et 7  à l'UMP et à l'UDI; le FN ne gagne aucune région; la Corse sera désormais dirigée par les autonomistes.

    Sur un total national de 1722 sièges, l'UMP arrive en tête avec 478 conseillers régionaux; le FN en deuxième position avec 358 élus; le PS suit avec 339 sièges; puis vient l'UDI avec 190 élus. Sans conquérir aucune région, le FN réussit à gagner plus de sièges que le PS; il faut de plus comparer ces 358 élus FN sur 1722 sièges, avec son résultat de 2010 (118 élus FN sur un total de 1880 sièges).

    Même si elle conserve 5 régions métropolitaines, la gauche n'est pourtant majoritaire que dans une seule: la Bretagne, où le ministre socialiste de la Défense, Jean-Yves Le Drian, remporte 51,41% des voix au second tour. Il avait obtenu 50,27% au second tour de 2010, mais il subissait alors la concurrence de la liste écologiste qui recueillait au second tour 17,37%. Malgré ce succès incontestable, la gauche baisse quand même de 16 points en Bretagne au second tour.

    Dans les 4 autres régions,  la gauche gagne au second tour sans être majoritaire. Comme d'habitude, c'est la désunion des droites qui permet à la gauche de l'emporter. En particulier, 2 régions, le Centre et la Bourgogne Franche-Comté, seront présidées par la gauche, alors que les droites, divisées, obtiennent près des deux tiers des voix.

    REGION Gauche unie UMP-UDI FN
     Aquitaine Poitou Charente Limousin  44,27%  34,06%  21,67%
     Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon  44,81%  21,32%  33,87%
     Bourgogne Franche-Comté  34,67%  32,89%  32,44%
     Centre  35,42%  34,58%  30,00%

     

    La droite divisée gagne de justesse en  Ile-de-France, et d'extrême justesse en Normandie, alors qu'elle est nettement majoritaire en Ile-de-France, et qu'elle représente près des deux tiers des voix en  Normandie.

    REGION Gauche unie UMP-UDI FN
     Ile-de-France  42,18%  43,80%  14,02%
     Normandie  36,08%  36,42%  27,50%

     

    En 2010, la gauche avait gagné avec une majorité absolue l'Aquitaine, l'Auvergne, les Basse et Haute Normandie, la Bourgogne, la Bretagne, le Centre, l'Ile de France, le Languedoc-Roussillon, le Limousin, la Lorraine, le Midi-Pyrénées, le Nord-Pas de Calais, les Pays de la Loire, le Poitou-Charente et Rhône-Alpes; elle gagnait la Champagne-Ardennes, la Franche Comté, la Picardie et la PACA sans majorité absolue, grâce à la division des droites.

    A l'issue du second tour de 2015, la gauche a la présidence de la Guyane et de la Guadeloupe, les régionalistes celle de la Martinique, et la droite celle de la Réunion.

    Un point de détail pour finir. L'UDMF (Union des Démocrates Musulmans Français) présentait une liste en Ile-de-France, dirigée par Nizarr Boucharda,  qui ne remporte que 0,4% des voix, avec une pointe de 1,30% dans le département de Seine Saint Denis.

    Le parti n'a pas mis en place de bulletins de vote dans tous les bureaux, et quand il en a mis, il semble les avoir mis en nombre limité, pour des raisons financières.

    Le tableau ci-dessous montre certains des meilleurs scores obtenus par cette liste dans les communes (et en quelle place elle finit dans la commune par rapport aux 13 listes candidates en Ile-de-France). Compte tenu des éléments donnés plus haut, ces résultats sont loin d'être négligeables.

     

    COMMUNE  DEP  UDMF PLACE
     Mantes-la-Jolie  78  5,90% 4/13
     Villetaneuse  93  4,71% 6/13
     Chanteloup-les-Vignes  78  4,58% 6/13
     la Courneuve  93  4,44% 6/13
     les Mureaux  78  4,38% 6/13
     Trappes  78  4,20% 6/13
     Villeneuve-la-Garenne  92  3,72% 7/13
     Stains  93  3,70% 7/13

     

     


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    La "préférence nationale" semble décidément être une notion utile pour déceler les cerveaux prédisposés à la bouillie intellectuelle. Pour l'UMP, Geoffroy Didier nous en avait déjà fait une démonstration en deux actes, probablement inégalable (voir chroniques du 18 février 2015: "Geoffroy Didier et Vercingétorix" [lien] et du 20 février 2015: "Geoffroy Didier et Coulibali" [lien]).

    Le 9 décembre 2015, dans l'émission "on ne va pas se mentir" sur la chaîne de télévision I-Télé, on a pu constater que le PS pouvait avoir à cœur de concurrencer l'UMP.

    Face à un candidat du front national, Juliette Méadel, porte-parole du PS, aborde le sujet de la préférence nationale et dit: "Moi je me dis: un jour, bon, ben, on discrimine Untel, parce que c'est pas un bon Français; et puis un de ces quatre, çà va tomber sur qui? Parce que, on ne voit pas bien où çà s'arrête la limite de ce que vous qualifiez être dans la préférence nationale, être un mauvais ou un bon Français".

    Elle continue un peu plus tard: "La préférence nationale, qui donc signifie que vous allez faire un tri entre les Français que vous jugez de bons, de mauvais, de souche, pas de souche."

    Comme souvent dans ce genre d'émission, peut-être par manque de temps, peut-être par incompétence, le candidat du front national n'a pas répondu clairement. C'est dommage.

    Car on peut être favorable ou opposé à la préférence nationale. A condition de ne pas mentir, ni de dire n'importe quoi. La préférence nationale, c'est réserver les emplois aux Français, ou les favoriser pour les emplois en France. La préférence nationale établit donc une distinction entre Français et étrangers pour l'attribution des emplois; c'est donc une vision nationale, fondée sur la nationalité et l'appartenance à la Nation. Juliette Méadel s'exprime avec une vision raciste, fondée sur l'origine ethnique. Juliette Méadel établit des différences entre Français de souche et Français d'origine extra-européenne; elle introduit une notion raciale dans le débat. Ce faisant, quand elle parle prétendument de "préférence nationale", elle parle en fait de "préférence ethnique" ou de "préférence raciale".

    Il n'y a donc dans ce concept de "préférence nationale", soutenu par une partie de la droite nationale, aucune notion raciale ni ethnique. Contrairement d'ailleurs à un autre principe, soutenu par une partie de la gauche: la "discrimination positive", qui consiste à favoriser les non-blancs au détriment des blancs, à "faire un tri"entre les "de souche" et "pas de souche", comme dit Juliette Méadel.

    Pour finir, notons que Juliette Méadel est, ou a été, rapporteur à la Cour des Comptes. Sauf erreur de ma part, il faut être de nationalité française pour pouvoir postuler à cette fonction; le principe de préférence nationale exclusive est donc appliqué. Et qu'elle a donc bénéficié de la préférence nationale. Sans s'en rendre compte? Comme une partie des fonctionnaires d'ailleurs, puisque la France "fait un tri" entre Français et étrangers quand il s'agit par exemple de recruter des policiers ou des magistrats. 

     


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    Les élections législatives étaient organisées le 25 octobre 2015 en Pologne, quelques mois après l'élection présidentielle de mai, qui avait porté à la présidence du pays André Duda, le candidat du PiS (voir chronique du 19 juin 2015: élection présidentielle polonaise: lien). Elles ont été remportées par le PiS (Droit et Justice), parti de la droite conservatrice.

    Le parlement polonais est composé de deux chambres: la Diète (460 sièges) et le Sénat (100 sièges). Les membres de la Diète sont élus à la proportionnelle; un parti doit obtenir au minimum 5% des voix pour avoir des élus; pour les listes présentées par une coalition de partis, 8% sont nécessaires. Les sénateurs sont élus au scrutin uninominal à un tour.

    Le gouvernement sortant était constitué par la droite libérale du PO (Plateforme civique). Le PO, qui avait obtenu 39,1% aux élections législatives de 2011, avait 216 députés dans l'assemblée sortante; avec 24,09% en 2015, le PO passe à 138 députés. Le PiS, qui avait obtenu 29,9% des voix en 2011, avait 151 députés dans l'assemblée sortante; avec 37,58% en 2015, le PiS obtient 235 sièges à la Diète. Pour la première fois depuis la fin de la dictature communiste, un parti réussit à obtenir sans alliance une majorité absolue à la Diète.

    Pour la gauche polonaise, la chute continue. Alors qu'elle avait 67 députés sortants, et qu'elle avait obtenu 18,2% des voix en 2011, elle disparaît totalement du parlement en 2015: avec 7,55% des voix pour la coalition de la gauche unie et 3,62% pour le parti Razem, elle ne décroche aucun siège à la Diète. Elle ne conquiert aucun siège au Sénat, dont elle était déjà absente.

    Pour les élections sénatoriales, le PiS obtient 39,99% des voix et 61 sièges, contre 28,85% et 34 sièges au PO. Ce résultat constitue l'inversion du Sénat sortant, dans lequel le PiS avait 31 sièges, et le PO 63 sièges. L'essentiel des sièges des sénateurs du PO est situé à l'Ouest du pays et à Varsovie, tandis que le PiS gagne les sièges de sénateurs à l'Est.

    Beata Szydlo, vice-présidente du PiS, devient premier ministre en novembre.

     


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    Le premier tour des élections régionales françaises a eu lieu dimanche 6 décembre 2015; le second tour aura lieu dimanche prochain, le 13 décembre.

    Finies les anciennes 22 régions métropolitaines; voilà désormais 13 nouvelles régions.

    Certaines ne changent pas: la Bretagne, les Pays de la Loire, la Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Ile-de-France, le Centre et la Corse.

    Sont regroupés:

    - la Basse-Normandie et la Haute-Normandie;

    - la Lorraine, la Champagne-Ardennes et l'Alsace;

    - la Bourgogne et la Franche-Comté;

    - le Nord-Pas de Calais et la Picardie;

    - le Poitou-Charente, le Limousin et l'Aquitaine;

    - le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon;

    - l'Auvergne et Rhône-Alpes.

    Le choix des régions à regrouper entre elles n'a pas été évident, et différentes possibilités ont été évoquées; preuve que ces regroupements n'allaient pas de soi. Au final, c'est apparemment le président François Hollande, avec quelques amis, qui aurait décidé arbitrairement du nouveau redécoupage.

    Dans ce contexte, ces nouvelles régions n'ont pas été unanimement acceptées. Bien sûr, la réunion de la Basse et de la Haute Normandie n'est pas contestée. En revanche, la fusion forcée de l'Alsace, de la Champagne et de la Lorraine est une atteinte inacceptable à l'identité régionale de ces trois régions.

    Ces nouvelles régions vont devoir trouver un nouveau nom. La Normandie ne devrait pas avoir de grande difficulté à trouver le sien. Les autres en revanche n'ont pas de nom qui s'impose naturellement, ce qui confirme d'ailleurs le caractère artificiel et déraciné de cette construction. Pour l'instant, on s'oriente parfois vers des sigles, comme c'est d'ailleurs déjà le cas depuis des décennies pour la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur).

    Ce qui laisse donc place à l'imagination des Français. Certains ont pu proposer Chamalo (CHAMpagne-Alsace-LOrraine), Carla (Champagne-ARdennes-Lorraine-Alsace) ou Alloc (ALsace-Lorraine-Champagne) pour la grande région de l'Est. Le 18 novembre 2014, à l'Assemblée nationale, un député UMP alsacien, Antoine Herth, évoque même l'acronyme Achlor (Alsace-CHampagne-LORraine); ce qui est très proche d'un mot alsacien signifiant "trou du cul". Pour le Sud-Ouest, on peut penser à la région Apoil (Aquitaine-POItou-Limousin)....

    Et tout çà pour quoi? Pour quoi a-t-on voulu broyer les identités régionales? Pour quoi a-t-on introduit de l'instabilité à cet échelon? Pour quoi va-t-on dépenser de l'argent pour effectuer ces regroupements?

    Pour faire des économies. Ce qui d'ailleurs n'a pas été démontré.....

     


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