•  

    Celà fait plus d'un quart de siècle que j'avais lu « le camp des saints » de Jean Raspail. Je l'ai relu cet été, précédé de la préface de l'édition de 2011, intitulée « Big other ».

    Un livre encore plus noir et pessimiste que le souvenir qui en était resté dans ma mémoire. Le scénario est simple. Un matin, « ils » débarquent. Pacifiquement. Et l'Occident ne fait rien et disparaît. Les 300 pages du livres décrivent le trajet de la flotte, et la réaction occidentale, à la recherche de l'explication.

    Le narrateur ne trouvera pas « une » explication factuelle précise. Mais tous les éléments possibles d'explication convergent vers l'évidence: l'Occident se hait lui-même, se croit coupable et redevable envers tous les autres, et n'ose pas tuer pour se défendre.

    Ce qui est remarquable, c'est que le livre de fiction politique est toujours très « parlant » pour le lecteur de 2015. Des noms actuels viennent spontanément pour tous ces ministres couchés devant les médias dominants. Des noms actuels viennent à la pelle pour les animateurs et journalistes du roman; on imagine sans problème des noms d'aujourd'hui pour ces donneurs de leçon, intimant d'accueillir généreusement les étrangers, et qui finiront égorgés dans un fossé alors qu'ils tentaient de partir en Suisse avec leur argent à l'arrivée des sympathiques étrangers.

    Quelles réflexions particulières peut nous suggérer une lecture du livre 40 ans après sa publication?

    D'abord un clin d'oeil aux dons prémonitoires de Jean Raspail en matière de papauté, qui apparaissent pour le lecteur de 2015. Ecrit sous le règne du pape Paul VI, le roman décrit les errances du pape Benoît XVI, qui vient du Brésil. Ce qui peut évidemment faire sourire le lecteur de 2015, dont les deux derniers papes sont Benoît XVI, et François Ier qui vient d'Argentine. Jean Raspail précise dans l'édition de 2011, qu'il n'a pas changé une virgule du roman de 1973, et que Benoît XVI n'est qu'un pape de fiction, qui ne saurait être confondu avec le pape réel Benoît XVI. Je ne sais pas si Jean Raspail a effectué un quelconque commentaire sur son pape brésilien de fiction, qui ne saurait être confondu avec le pape argentin réel, mais il m'intéresserait beaucoup; car j'avoue avoir pensé à notre pape actuel François Ier à Lampedusa, nous demandant d'accueillir tout le monde, en lisant les actions du pape fictif.

    Ensuite, une réflexion sur l'augmentation de la menace de l'islam. Les envahisseurs du roman viennent du Gange, et ne sont pas musulmans. Aujourd'hui, tout lecteur du roman ne voit pas réellement des Indiens, mais pense tout naturellement à des musulmans. Jean Raspail reconnaît d'ailleurs, dans sa préface de 2011, qu'il avait manqué de clairvoyance en 1973, en n'anticipant pas la puissance de l'islam.

    Ensuite, la perception de la menace. Le lecteur de 2015 a certes la crainte d'une venue massive d'étrangers arrivant de l'extérieur. Mais il craint peut-être plus encore la menace des égorgeurs déjà installés en France. Certes, le roman n'oublie pas cette menace de l'intérieur; ce sont d'ailleurs les immigrés déjà installés qui commettent les crimes les plus sanguinolents. Mais ces ennemis de l'intérieur n'agissent dans le roman qu'en conséquence de l'arrivée massive nouvelle. Jean Raspail relativise néanmoins cette remarque dans sa préface à l'édition de 2011, puisqu'il y explique que son roman est une allégorie, et que ce qu'il décrit dans le roman comme une arrivée massive en une journée, s'effectue dans la réalité dans le long terme.

    Ensuite, la réalité de la menace. Depuis 1973, l'immigration s'est poursuivie; et l'on compte en France davantage d'étrangers et de « Français de papier », grâce au droit du sol et aux naturalisations massives. Et l'islam continue de s'étendre dans notre pays.

    Enfin, l'attitude des Français. Jean Raspail avait-il raison quant à l'attitude des Français en écrivant le livre? Partiellement sûrement, mais il a sans doute forcé la caricature. On pouvait par exemple espérer, et on peut toujours espérer aujourd'hui une réaction plus virile de l'armée que celle décrite dans le roman. Quant à la réaction populaire, elle a sûrement évolué grandement. Certes, nous sommes toujours gavés par la presse dominante de la propagande immigrationniste et repentante. Mais les Français sont sans doute davantage conscients de la menace, et sans doute plus désireux de lutter contre qu'en 1973. Le front national était à 0,74% en 1974; il est maintenant entre 25 et 30%. Quoi qu'on pense de ce parti, on peut considérer que l'augmentation de son électorat est un indicateur du rejet de la politique immigrationniste et de la hausse de l'affirmation nationale des Français.

    En conclusion, un livre à lire ou relire absolument, en réfléchissant justement aux évolutions de ces 40 dernières années.

     

    public: pour adultes

     


    votre commentaire
  •  

    Je viens de finir la lecture du livre de Christopher Caldwell: "une révolution sous nos yeux: comment l'Islam va transformer la France et l'Europe". Je n'ai pas lu la version originale en anglais de 2009; je me suis contenté de la traduction française de 2011. Le journaliste américain, en 500 pages (dont 50 pages de notes), dresse le bilan de l'immigration non-européenne en Europe, et de ses conséquences.

    Christopher Caldwell montre que l'immigration de travail (dont il n'est pas complètement convaincu de l'utilité, ni de son caractère indispensable) a été remplacée par une immigration de peuplement, sans que les peuples n'aient pu se prononcer sur cette évolution; évolution dont ils demanderaient l'arrêt, si la parole leur était donnée. Il montre la force de l'Islam conquérant face au christianisme en crise. Il analyse les raisons pour lesquelles ce changement de civilisation, que les peuples européens refusent, se met quand même en place.

    Malgré sa longueur, ce livre se lit assez aisément. Il constitue un tour d'horizon assez complet; il expose vraiment la situation, les problèmes et les enjeux. Pour ceux qui s'intéressent aux enjeux de l'immigration et de l'islamisation de l'Europe, c'est incontestablement le livre qu'il faut avoir lu.

    cible: à partir de lycéens

     


    votre commentaire
  •  

    Papa Noël m'avait amené fin 2014 le dernier livre d'Eric Zemmour: "le suicide français", que j'ai lu en ce début d'année.

    L'avantage de ce livre, c'est qu'il se lit bien, et peut se relire par morceaux. Chaque événement a l'honneur de quelques pages, ce qui permet une lecture agréable et séquencée. Le livre a forcément l'inconvénient de son avantage. Cette rédaction hachée, si elle décrit une situation globale cohérente, n'est néanmoins pas favorable à la construction d'une argumentation cohérente, harmonieuse et complète.

    Sur les 40 dernières années, il revient sur 80 dates, dans différents domaines, politiques et culturels. Je pense que l'intérêt s’érode au fur et à mesure qu'on avance dans le temps; les événements plus anciens, oubliés, méconnus, voire inconnus, m'ont plus intéressé. Le détournement de la constitution par le conseil constitutionnel, qui, en 1971, incorpore dans les principes constitutionnels les déclarations des droits de l'homme, transformant une référence philosophique en texte juridique. L'affaire de Bruay-en-Artois, en 1972, instruite par un juge rouge, et instrumentalisée par l'extrême-gauche. La réforme Haby sur le collège unique en 1976. Entre autres exemples. Tout cela est assez lointain chronologiquement, mais si proche par les conséquences actuelles. A contrario, j'avoue avoir été moins passionné par le traité de Lisbonne en 2007, tout simplement parce que çà ne m'apporte rien par rapport à ce qu'on sait déjà.

    Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture du livre, il faut avouer sa stupéfaction: çà n'a rien à voir avec la présentation que les médias ont faite de l'ouvrage. Eric Zemmour cite le rabbin Alain Michel, qui explique dans son livre, "Vichy et la Shoah" (paru en 2011), que le régime de Vichy a réussi à sauver les juifs français en acceptant que les Allemands envoient les juifs étrangers à l'Est de l'Europe: tous les médias dominants ont systématiquement parlé du livre d'Eric Zemmour comme d'une réhabilitation du régime de Vichy. Assez curieusement d'ailleurs, aucun de ces médias n'a mentionné le livre du rabbin Alain Michel, dont j'ai moi-même découvert l'existence en lisant le livre de Zemmour; c'est déontologiquement très curieux; on aurait pu légitimement s'attendre à ce que cette référence de Zemmour soit citée, au moins par quelques-uns, voire même qu'il soit invité ou interviewé pour expliquer sa thèse; mais non, jamais je n'ai entendu parler ni du rabbin, ni du livre; on m'a juste rabâché que Zemmour réhabilitait le régime de Vichy. Que Zemmour ait raison ou tort, ce passage ne constitue d'ailleurs que 7 des 500 pages de son livre; et encore, sur ces 7 pages, l'essentiel semble moins la réhabilitation du régime de Vichy, que la discussion de l'historiographie française, et la présentation de la "communauté" juive française actuelle, qui serait prise en otage par les juifs étrangers et leurs descendants, qui, contrairement aux vieux juifs français assimilés, estiment avoir à se plaindre de la France et du régime de Vichy. En résumé, on a l'impression que les médias dominants n'ont lu et répercuté que des commentaires sur 7 pages de ce livre. Un peu sommaire.....

    La question qu'on me pose souvent est: alors, est-ce que tu es d'accord avec le livre de Zemmour? Je suis d'accord avec une partie des analyses d'événement, pas d'accord avec une autre partie. Et il y a une troisième catégorie d'analyses: celles avec lesquelles je ne sais pas si je suis en accord ou pas; comme le livre comprend plus de 500 pages, si l'on réfléchit plusieurs heures sur chaque page, on est pas près de le refermer......

    J'en veux énormément aux adversaires d'Eric Zemmour. Parce qu'ils ne le critiquent pas. Car la critique serait intéressante, et permettrait d'avoir des arguments contradictoires pour parfaire la réflexion, et aider à se faire sa propre opinion. Certains de mes lecteurs pourront se dire étonnés: quasiment tout le monde politiquo-médiatique dénonce, à longueur d'articles et d'émissions, le livre d'Eric Zemmour. Justement, le problème est là; ils ne le "critiquent" pas, ils le "dénoncent". Eric Zemmour est lepéniste, vichyste, antiféministe, raciste, islamophobe, réactionnaire; il n'échappe sans doute à l'accusation d'antisémitisme que parce qu'il a la chance d'être juif. Il n'y a jamais d'arguments, juste des insultes ou des anathèmes. C'est parfait pour le prêt-à-penser; c'est dommage pour la réflexion politique et historique.

    En tous cas, sans aucun doute, un livre à conseiller pour ceux qui ont envie de réfléchir sur la situation actuelle de notre pays, et sur son avenir. Et connaître les 493 autres pages dont les médias ne vous ont pas parlé...

    Cible: adultes.

     


    votre commentaire
  •  

    Dans une précédente chronique, je citais des annonces bas-alpines pour des ventes de livres.

    Dans le même registre, Bruno de Cessole, qui publiait, dans Valeurs Actuelles du 19 mars 2015, un article  sur le salon du livre y évoquait une anecdote d'une année antérieure.

    "Un confrère, lauréat de plusieurs grands prix, eut ainsi la surprise de voir un couple s'arrêter devant sa table, s'emparer d'un de ses romans, le tenir à bout de bras et s'interroger devant lui: "Qu'est-ce que tu penses de la couleur, chéri?", "Moi, je trouve que çà tire trop sur le jaune, je le verrais plus vert", "Ah, tu trouves? Moi, je pense que pour le salon, ce serait mieux en plus foncé". Et de s'éloigner sans un regard pour l'auteur médusé."

    Le salon se tenait du 20 au 23 mars au Parc des expositions de Paris, succédant au salon de l'agriculture, d'où le titre de l'article: "Quand les veaux succèdent aux vaches".

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique