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    J'ai lu en fin d'année dernière l'essai d'Alain Finkielkraut, publié en 1987, "la défaite de la pensée".

    J'ai été un peu déçu: après la lecture de "l'identité malheureuse", dont je reconseille encore la lecture, je m'attendais à mieux. Mais ce précédent livre est plus confus, moins clair que le Finkielkraut actuel.

    La dernière page du livre commence ainsi: "la barbarie a donc fini par s'emparer de la culture". Et la trentaine de pages qui précède éreinte les "post-modernes" multiculturels qui veulent une société polymorphe dans un monde bigarré, qui mettent sur le même plan un chef d'œuvre et un "produit culturel", un footballeur et un chorégraphe, qui portent au pinacle la jeunesse et le néant culturel et intellectuel. Finkielkraut demande: "Coluche et Renaud font-ils partie de la culture? La musique, le rock, est-ce la même chose? Le rock est-il la forme moderne de la musique ou sa régression dans le simplisme absolu d'un rythme universel?"

    Le cœur du livre devait sans doute être là.

    Mais les 130 pages qui précèdent s'engluent dans une dénonciation des nations et des nationalismes, et l'on est encore très loin du Finkielkraut d'aujourd'hui. Il sacrifie aux dogmes de la société pluriculturelle et multiethnique: "L'esprit des Temps modernes européens, quant à lui, s'accommode très bien de l'existence de minorités nationales ou religieuses, à condition que celles-ci soient composées, sur le modèle de la nation, d'individus égaux et libres"; c'est-à-dire, à condition qu'il n'y ait pas d'excision ni de polygamie.

    Ceci dit, j'avoue quand même caricaturer un peu. Tout n'est pas inintéressant dans son analyse des différents types de nationalisme, des sociétés issues de la décolonisation. Mais, dans son analyse, au final, c'est quand même toujours la faute de l'Occident et du capitalisme....

     


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    Il est souvent rabâché que la droite catholique et l'"extrême-droite" étaient  xénophobes. A ce titre, le roman "le roi des archers" de l'écrivain catholique René Bazin, né à Angers en 1853, est éclairant.

    Dans le roman, la famille d'Alfred Demeester est originaire de Bruges, celle de son épouse décédée de Tournai. Tous deux sont donc clairement d'origine belge.

    Le roman parle aussi des ouvriers qui franchissent la frontière franco-belge pour venir travailler.

    On cherchera vainement quoi que ce soit d'anti-Belge dans le roman. On sent plus l'amour et l'admiration de l'auteur pour ces gens, qu'une quelconque xénophobie. La seule phrase "antibelge" est prononcée par un ami archer, à propose de compétition de tir à l'arc: "nous serons les tenants de la Flandre française contre la Flandre belge". Quel affreux nationalisme!.

     


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    J'ai lu "le roi des archers", de René Bazin, dans sa réédition de 1991, par les éditions Miroirs.

    En quatrième de couverture, cet éditeur s'excuse presque d'avoir réédité René Bazin.

    René Bazin est "un homme du passé aussi bien sur le plan de l'idéologie que sur celui de la forme romanesque" qui "mérite cependant d'être lu comme un témoin habile d'une mentalité rétrograde", "sans nécessairement partager l'idéologie passéiste du roman".

    Le vieux tisserand du roman n'applaudit pas à l'abandon de sa petite-fille Claire par sa mère Adeline, il est fier de son métier, il est fier de ses traditions, il est fier de sa région, il veut se conduire avec honneur. Il est un peu perdu seul, depuis qu'il a perdu sa femme, qui était un peu sa boussole. Il n'est pas religieux, semble très vaguement croyant, mais des personnes de son entourage sont ancrées dans la religion catholique. C’est sans doute tout ce mélange-là, la "mentalité rétrograde"......

     


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    Je viens de lire "le roi des archers", roman publié par René Bazin en 1929.

    C'est un roman régional, pourrait-on dire, l'histoire se déroulant exclusivement dans le Nord, quasi-exclusivement à Roubaix.

    Le personnage central du roman est le tisserand Alfred Demeester. Il est roi des archers pour la deuxième fois, c'est-à-dire qu'il a gagné le concours de tir à l'arc. Une nouvelle victoire l'année suivante lui conférerait le titre d'empereur. Les deux cadres sociaux du livre sont donc les ouvriers du textile à Roubaix et les compagnies de tir à l'arc.

    L'intrigue familiale est d'abord structurée autour des deux filles que le vieux tisserand a eues avec sa femme, décédée. La "bonne" fille, Mélanie, devenue institutrice, et qui n'est guère présente dans le roman; la "mauvaise" fille, Adéline, mariée à un homme violent. Les deux filles ne fréquentent guère leur père. Mélanie enseigne loin de Roubaix. Adéline habite à Roubaix, mais quand son père lui reproche de ne point recevoir de nouvelles, elle lui répond: "on irait te remercier, si tu envoyais de l'argent". Quand son mari est sur le point de mourir de maladie, Adéline l'abandonne pour un autre homme, et abandonne sa fille Claire à son grand-père. Commence alors la cohabitation entre le vieux tisserand et sa jeune et travailleuse petite-fille Claire.

    Le roman est une immersion dans la vie des petites gens du Nord, que l'auteur présente avec humanité, immergés dans leur métier et leurs traditions.

    Sur un plan moral et religieux, "le roi des archers" est sans doute le roman de la difficulté, la nécessité, la grandeur et la beauté du pardon.

     

    Cible: à partir de lycéen.

     


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