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    Notre inénarrable ministre de la Culture, Dame Fleur Pellerin, était le 22 janvier 2016 invitée au micro de la radio RTL. Ou plutôt désormais ex-ministre de la Culture, puisqu'elle vient de se faire virer à l'occasion du remaniement ministériel du 11 février 2016. Elle déclara notamment le 22 janvier: "La culture, c'est la culture cultivée, c'est l'opéra, c'est le théâtre et la Comédie française; mais c'est aussi le hip-hop, c'est aussi la culture urbaine; donc moi je souhaite, ne pas dire que tout se vaut, mais en tous cas je souhaite pouvoir donner de l'excellence et de l'exigence à tous, dans tous les domaines culturels."

    Qu'est-ce que la "culture cultivée"? L'adjectif "cultivé" signifie "qui a de la culture". La "culture cultivée" doit donc être la "culture qui a de la culture", c'est-à-dire sans doute la vraie culture. Alors, qu'est-ce donc que l'autre culture, décrite comme le hip-hop et la culture urbaine? Ce doit probablement être la culture "non-cultivée". Le contraire de l'adjectif "cultivé" est l'adjectif "inculte";  à côté de la "culture cultivée", le hip-hop et la culture urbaine doivent donc être la "culture inculte". Mais la culture non-cultivée, la culture inculte, est-ce finalement vraiment de la culture?

    Bien sûr, Fleur Pellerin ne souhaite évidemment pas pousser le raisonnement à son terme; pour elle, la culture inculte, c'est de la culture. Mais il est intéressant de noter que parfois le vocabulaire trahit ses utilisateurs malhonnêtes et politisés à gauche.

    Mais que la culture inculte se rassure. Elle pouvait compter sur Fleur Pellerin et pourra sans doute compter aussi sur son successeur. Fleur Pellerin voulait donner au hip-hop et à la culture urbaine de l'"excellence" et de l'"exigence". Traduction: elle voulait leur accorder beaucoup de subventions, tout plein d'argent. Au final, c'est quand même un peu à çà qu'on reconnaît un bon ministre de la Culture: qu'il déverse plein d'argent dans les sébiles des "acteurs culturels" qui "produisent" de la culture non-cultivée.

    Au passage, notons l'utilisation désormais courante de l'adjectif "urbain" dans les expressions "culture urbaine" ou "musique urbaine": on les qualifie d'"urbaines", car ces "œuvres" sont produites en ville, essentiellement d'ailleurs dans les quartiers pluriethniques et multiculturels à sécurité minimale. Mais quelle dégradation pour ce malheureux mot "urbain"! Naguère, on qualifiait de personne urbaine quelqu'un de poli, d'affable, de courtois. Maintenant, on a la culture urbaine; et quand on subit les éructations haineuses des rappeurs, les mots "urbanité""courtoisie" ou "raffinement" ne viennent pas spontanément à l'esprit.....

     


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    J'ai lu en fin d'année dernière le dernier livre de Denis Tillinac, "Du bonheur d'être réac", publié début 2014, et sous-titré "Apologie de la liberté".

    Difficile de définir le "réac", pour Denis Tillinac, car aucun réac ne ressemble à un autre. En tous cas, il sait ce que n'est pas le réac. Le réac n'est ni "ultra", ni conservateur. D'ailleurs, le réac ne fait pas de politique.

    Tillinac expose les fondamentaux du réac: notamment le sens de l'honneur, le sens de l'intériorité, le sens de l'héritage, le sens de l'humour, le sens de la désinvolture, le sens de l’élévation, le sens de l'harmonie, le sens de la religiosité (avec ou sans la foi), le sens de la distinction, le sens de la lenteur, le sens de l'éternité, le sens de la pudeur.

    En fait, écrit Tillinac, être réac, c'est être "en réaction contre les tendances de l'époque", c'est être "mal dans son siècle, mais bien dans ses pompes".  En effet, poursuit-il, "l'éloignement du réac l'immunise contre le risque de ringardise. Qui se fiche de la mode ne peut être démodé". Le réac "n'a pas lu le livre "événement", il n'a pas vu le film "culte" ou la vidéo "choc, il n'a pas idolâtré le footballeur "mythique"."

    Tillinac est-il desespéré, ou nous voit-il encore un avenir? "Il a fallu des siècles pour que, sur les ruines de la romanité, les copistes des monastères enfantent le Moyen Age des grandes universités et des cathédrales. Encore avaient-ils la foi qui soulève les montagnes, des textes pour l'étayer et du cœur au ventre. La foi, on peut encore la retrouver; les textes, nous les avons engrangés, on peut toujours les exhumer. Mais il manque l'énergie qui ferait le tri afin de métamorphoser des morceaux de savoir inerte en un désir collectif de s'atteler à une renaissance".

    On peut quand même être un peu sceptique sur deux affirmations de Tillinac.

    Tout d'abord, Tillinac n'est pas vraiment convaincant lorsqu'il écrit que le réac n'est pas conservateur. Il doit quand même y avoir quelques traces de conservatisme dans cet amour pour les cathédrales et ce mépris pour certaines innovations hideuses.

    Enfin, pour Tillinac, le réac ne fait pas de politique. Et il ne doit pas en faire, sinon çà se termine mal, comme dans le terrorisme par exemple. Le réac est plutôt un solitaire. Le réac est-il donc condamné à n'être qu'un spectateur bougon? On peut espérer que non....

    Au bilan, un petit livre d'une centaine de pages, au style léger et virevoltant, qui se lit avec plaisir.

     


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