J'ai lu en fin d'année dernière l'essai d'Alain Finkielkraut, publié en 1987, "la défaite de la pensée".
J'ai été un peu déçu: après la lecture de "l'identité malheureuse", dont je reconseille encore la lecture, je m'attendais à mieux. Mais ce précédent livre est plus confus, moins clair que le Finkielkraut actuel.
La dernière page du livre commence ainsi: "la barbarie a donc fini par s'emparer de la culture". Et la trentaine de pages qui précède éreinte les "post-modernes" multiculturels qui veulent une société polymorphe dans un monde bigarré, qui mettent sur le même plan un chef d'œuvre et un "produit culturel", un footballeur et un chorégraphe, qui portent au pinacle la jeunesse et le néant culturel et intellectuel. Finkielkraut demande: "Coluche et Renaud font-ils partie de la culture? La musique, le rock, est-ce la même chose? Le rock est-il la forme moderne de la musique ou sa régression dans le simplisme absolu d'un rythme universel?"
Le cœur du livre devait sans doute être là.
Mais les 130 pages qui précèdent s'engluent dans une dénonciation des nations et des nationalismes, et l'on est encore très loin du Finkielkraut d'aujourd'hui. Il sacrifie aux dogmes de la société pluriculturelle et multiethnique: "L'esprit des Temps modernes européens, quant à lui, s'accommode très bien de l'existence de minorités nationales ou religieuses, à condition que celles-ci soient composées, sur le modèle de la nation, d'individus égaux et libres"; c'est-à-dire, à condition qu'il n'y ait pas d'excision ni de polygamie.
Ceci dit, j'avoue quand même caricaturer un peu. Tout n'est pas inintéressant dans son analyse des différents types de nationalisme, des sociétés issues de la décolonisation. Mais, dans son analyse, au final, c'est quand même toujours la faute de l'Occident et du capitalisme....