• Radicalisation

     

    Comment nommer ceux qui nous assassinent sans employer les mots "islam" ni "musulmans"? Voilà toujours la préoccupation majeure de nos gouvernants et journalistes. Ne pas faire d'"amalgame" avec l'islam. L'islam n'aurait rien à voir avec tout çà, puisque, devons-nous répéter en chœur, "l'islam est une religion de paix".

    A l'origine, le mot utilisé était le mot "terroriste". Le mot n'est pas satisfaisant, mais est toujours largement utilisé.

    Il y a aussi "islamiste"; mais dans "islamiste", il y a "islam"; attention: amalgame!

    Nous avons ensuite vu apparaître le mot "djihadiste". L'avantage, c'est que le mot ne contient ni "islam", ni "musulman". Mais, à moins d'être totalement inculte, le Français moyen a en tête que le djihad, c'est quand même un peu lié à l'islam.

    La dernière trouvaille sémantique, c'est la "radicalisation". Trouvaille extraordinaire! Car un "radicalisé" n'a plus rien à voir avec l'islam! Vous avez donc en Europe des jeunes gens très sympathiques qui un jour se connectent à Internet; et paf! Ils se "radicalisent"! Et, après avoir trouvé le nouveau mot magique pour éviter d'"amalgamer" avec l'islam, nous avons trouvé la solution magique pour faire face à la situation: nous créons des centres de "déradicalisation".

    Une mention particulière peut être attribuée à la télévision d'Etat France 3. Dans son édition du journal régional (le "19-20") Centre-Val de Loire du 25 janvier 2016, France 3 nous explique qu'un médecin de Gien aurait demandé à ses patientes de ne pas mettre leur foulard islamique dans la salle d'attente de son cabinet, lors de leur prochaine visite. La télévision donne la parole dans son reportage à des patientes qui "s'estiment discriminées"; l'une d'elles nous explique anonymement: "Aujourd'hui, çà va être le foulard, plus tard çà va être: ouais, celle-là, elle est grosse; celle-là, elle est maigre, celui-là, il est blanc, il est noir." Phrase magnifique: c'est vrai que les grosses posent un problème d'identité à la France.

    Mais c'est sur le site Internet de France 3, qui présente le reportage, que se situe le pire1. Le médecin est présenté comme un "chrétien pratiquant radicalisé".

    La télévision d'Etat est passée là à la phase suivante de la propagande du "pas d'amalgame".

    D'abord, en employant ici le mot "radicalisé", on met sur le même plan des "jeunes", pas forcément musulmans, qui se sont "radicalisés" et commettent des attentats; et  un "chrétien pratiquant", qui serait "radicalisé", parce qu'il ne veut pas de voile islamique dans son cabinet médical. Vous voyez bien que l'islam ne pose pas de problème spécifique, puisque les chrétiens aussi se "radicalisent"!

    Enfin, c'est magnifique, parce que dans cette histoire, les musulmanes qui se belphégorisent ne sont pas "radicalisées", mais les autochtones qui sont gênés par cette belphégorisation sont eux "radicalisés". Va-t-on les envoyer dans un centre de "déradicalisation", pour les "déradicaliser"?

     

    1- "Femme voilée, persona non grata chez un médecin du Loiret?", site Internet de France 3, 25 janvier 2016.

     


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