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Le trouple crée le trouble
Je suis très loin d'être un lecteur assidu du Figaro-Madame; c'est sans doute un tort, tant sa lecture est parfois instructive.
Ainsi, Mylène Bertaux nous informe l'année dernière1 qu'un trio de femmes brésiliennes a réussi à faire reconnaître son "mariage" chez le notaire.
Dès le début de l'article, en en lisant le chapeau, on suppute que la journaliste considère cette innovation avec émerveillement, en semblant déplorer que "les législateurs conservateurs luttent pour imposer un modèle de famille unique homme-femme". La juxtaposition de mots qui sont considérés comme négatifs ("conservateur", "imposer", "modèle unique") vise à attirer la sympathie sur ce couple de trois femmes.
Puis, dans tout l'article, on sent une empathie pour cette seconde "union poly-affective" reconnue par un notaire au Brésil. "Nous sommes une famille. Notre union est le fruit de l'amour", nous dit l'une des "fiancées".
La journaliste prend quand même en partie ses rêves pour des réalités, quand elle nous explique que cet acte notarié "leur donne une légitimité en tant que famille". "Légitimité"! Sûrement pas. Légalité, à la limite, mais pas légitimité. Et encore, pour la légalité, çà reste à déterminer; il faut que les tribunaux et les législateurs se prononcent de manière définitive. Pour l'instant, ces actes ne font que profiter de failles du système juridique; si l'on peut appeler çà des "failles", d'ailleurs. Dans tous les pays, quand les lois et réglementation étaient rédigés, un couple était composé d'un homme et d'une femme, et non pas de deux personnes de même sexe, ni de trois ou quatre personnes.
Nos trois tourterelles ont-elles alors gagné? "Du côté des députés conservateurs, c'est l'émoi". Mais la journaliste nous rassure quand même. "Alors que la bataille fait rage au Sénat pour conserver des valeurs familiales conservatrices, la société brésilienne a déjà largement évolué". La preuve? "Le modèle du mariage avec enfants n'est déjà plus majoritaire". En effet, "quelque 56,1% des familles sont déjà un nouveau modèle, qu'il soit choisi ou subi: mères ou pères célibataires, mariage sans enfants, unions homosexuelles". Et là, on est en plein dans la propagande et la manipulation. Oser mettre sur le même plan les pères et mères célibataires (pour la journaliste, cette notion comprend d'ailleurs sans doute les veufs et divorcés), les mariages sans enfant et les unions homosexuelles (dont, sans doute aussi pour la journaliste, ces "unions poly-affectives"), c'est de la malhonnêteté et de la manipulation. Les pères et mères célibataires, veufs, divorcés, les mariages sans enfant n'ont rien à voir avec les unions homosexuelles et les unions poly-affectives. Les pères et mères célibataires, veufs, divorcés, les mariages sans enfant sont des accidents ou des dégradations du modèle traditionnel; les unions homosexuelles et poly-affectives sont un modèle différent, un changement de civilisation. Les pères et mères célibataires, veufs, divorcés, les mariages sans enfant n'ont pas pour but de faire croire à des enfants qu'ils ont deux ou trois ou quatre ou cent papas et pas de maman, ni deux, trois, quatre ou cent mamans et pas de papa.
Mais l'intérêt principal de cet article, c'est que j'ai découvert un nouveau mot: le "trouple".
Qu'est-ce qu'un trouple? C'est donc un "couple à trois".
Je ne sais pas si, sur le modèle du mot "accouplement", le mot "attrouplement" a été créé. Si ce n'est le cas, çà ne saurait tarder.... A ne pas confondre avec "attroupement".....
Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Des tas de nouveaux mots sont à créer!
D'abord, pour ne pas être discriminatoire, pourquoi un célibataire ne serait-il pas aussi un couple? Un couple de 1 personne. Un "monouple".
Un couple à 4? Un "quadrouple"?
Un couple à 5? Un "cinquouple" ou un "pentouple"?
Un couple à 6? Un "sexouple" ou un "hexouple"?
Un couple à cent? Un "centouple"? Selon la célèbre expression, ce qui a été emprunté au centouple devra être "rendu au centouple". Si c'est un centouple d'hommes, l'enfant qui "naîtra" de cette union pourra prendre pour devise: "cent pères, sans mère".
Après la reconnaissance des mariages, viendra la reconnaissance des divorces. De multiples cas de figures devront être envisagés. Prenons le cas du divorce d'un quadrouple. Il pourra divorcer en 4 monouples, en 2 couples, en 1 trouple et 1 monouple, etc. Celà promet d'occuper la justice, et on attend avec impatience les jurisprudences. En particulier pour la garde des enfants. Heureux enfants! Dans le cas du divorce d'un centouple en 100 monouples, si la garde partagée est accordée, le gamin va voir du pays, puisque chaque année, il va passer 3 jours chez chacun de ses "parents".
Quel monde merveilleux et inventif nous bâtissons.
1- Mylène Bertaux: "Polyamour: 3 femmes se marient légalement au Brésil", dans le Figaro-Madame (site Internet) du 27 octobre 2015.
Tags : Brésil
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