• A propos du mot "djihadiste"

    Vous avez sûrement noté que nos ennemis sont maintenant les "djihadistes". Mais souvenez-vous, l'utilisation de ce terme est très récente.

    Il y a quelques années, on parlait des "islamistes". Il ne fallait pas dire "musulman". L'islamisme, c'était négatif. En revanche, nos hommes politiques et nos journalistes nous expliquaient que l'islam, la religion des musulmans, était une religion de paix et de tolérance. Il faut dire qu'ils sont très compétents, nos hommes politiques et nos journalistes. Ce sont des docteurs en théologie islamique; ils connaissent mieux l'islam que les musulmans.

    Mais dans "islamisme", il y a "islam". C'est encore trop, car on pourrait encore faire l'amalgame, et d'après nos hommes politiques, il n'y a aucun rapport entre islam et islamisme. On a de plus en plus utilisé le mot "terroriste" pour désigner nos ennemis. Ces terroristes nous attaquaient, mais ce n'était pas au nom de l'islam; on ne sait d'ailleurs toujours pas officiellement pourquoi ils nous attaquent......

    Pendant la guerre en Afghanistan, on a continué à employer le terme "terroriste". Même si c'était un peu bizarre. Un terroriste, çà assassine, çà pose des bombes. En Afghanistan, les "terroristes" montent des embuscades contre les militaires dans les villes, les campagnes et les montagnes; ils posent aussi des bombes en ville, c'est vrai.

    Lorsque la France a commencé une guerre au Mali, les militaires français n'étaient pas en train d'effectuer des patrouilles Vigipirate pour repérer des poseurs de bombes; il se battaient dans les villes et dans le désert contre des groupes armés. Comme les militaires ont besoin de bien appréhender ce qu'est l'ennemi pour gagner une guerre,  il a fallu trouver un autre terme que "terroriste". Dans la communication du ministère de la Défense français en janvier et février 2013, il est expliqué que la France intervient au Mali pour stopper l'avancée des "groupes djihadistes" vers le Sud du Mali. Mais dans la communication plus récente de l'opération Serval, puis de l'opération Bharkane qui lui a succédé, il semble qu'on soit revenu à l'appellation "groupe terroriste". Parce que "djihadiste", çà faisait trop musulman?

    Puis le mot "djihadiste" est réapparu fortement pour désigner les combattants de l'Etat islamique au Levant qui guerroient actuellement en Syrie et en Irak. Je sais, il ne faut plus dire maintenant "Etat islamique", il faut dire "Daesh"; parce que, rappelez-vous, "islamique", "musulman", çà se rapporte à l'islam, qui est une religion de tolérance et de paix.... En revanche, le mot "djihadiste" semble désormais être bien ancré dans le vocabulaire courant, tant à cause de la progression militaire de "Daesh", que des voyages de nos djihadistes occidentaux vers la Syrie.

    Pourtant, cette évolution sémantique n'est pas anodine. Rappelez-vous encore, il y a quelques années, on vous expliquait que le djihad, ce n'était pas la "guerre sainte": il fallait être islamophobe pour prétendre çà; le djihad, c'était une démarche spirituelle intérieure non-violente....... Je n'ai entendu personne débiter ce genre d'âneries ces derniers mois.......

    Parce que la police de la Pensée rencontre des difficultés quand la réalité s'impose de manière trop violente et trop contradictoire avec le matraquage médiatico-politique.

     


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