On nous assène souvent que nous avons un devoir d'accueil et d'hospitalité envers les immigrés qui fuient leur pays pauvre et en guerre.

Je suis d'accord dans une certaine mesure sur la nécessité d'une certaine "hospitalité".

Mais, me semble-t-il, la notion d'"hospitalité" comprend au moins deux caractéristiques: l'accueillant s'attend à ce que l'accueilli reste de manière temporaire, et que l'accueilli respecte l'accueillant, à défaut d'être peut-être reconnaissant.

Or, dans le scénario actuel, les choses ne se déroulent pas forcément ainsi.

C'est un peu comme si.... Imaginons.

Imaginons que j'habite une maison. Des inondations dévastent la région, et il se trouve que mon habitation a été épargnée. Ayant eu de la chance, et disposant de place chez moi, j'accueille donc mes malheureux voisins dans l'urgence, pour quelques jours, le temps que les intempéries cessent; je leur offre volontiers un refuge, le temps qu'ils trouvent une solution pour résoudre leur triste situation. Les voilà donc chez moi, avec leurs enfants.

On se pousse un peu pour leur faire de la place, mais tout se passe bien. Trop bien peut-être. Parce que, se sentant bien, ils décident de rester un certains temps, voire peut-être même très longtemps, et pourquoi pas définitivement. Le premier vendredi, ils font quand même des réflexions désobligeantes sur les plats de poisson, et voudraient bien qu'on ne mange que de la viande. Le vendredi suivant, les remarques sur le poisson se font plus menaçantes. La journée, je vais travailler, pendant qu'ils regardent la télévision pour s'occuper; rapidement, j'ai perdu le contrôle de la télécommande, et ce n'est plus moi qui décide du programme du soir à la télévision. Et quand le maire passe prendre des nouvelles, ils disent que çà se passe très moyennement, qu'ils ne se sentent pas respectés, que je ne fais pas d'efforts, qu'ils se sentent stigmatisés. Et quand je leur ai demandé de me laisser la télécommande pour choisir enfin le programme du soir, ils m'ont dit que si je n'étais pas content du programme en cours, je pouvais toujours quitter la maison.

Cette petite histoire imaginaire pose juste la question suivante: a-t-on encore un devoir d'hospitalité envers des gens qui nous envahissent?