• La Piscine de Roubaix

     

    Çà doit faire six années que je passe régulièrement devant le musée de Roubaix: la Piscine. Mais sans y être entré. C'est désormais chose faite depuis octobre 2014.

    Il faut dire que ce musée n'est pas spécialement attrayant. D'abord, c'est un musée d'art moderne, donc devant contenir presque exclusivement des horreurs. L'entrée du musée est d'ailleurs un véritable repoussoir. C'est moche. Pourquoi sortir son porte-monnaie pour prendre un bain de mochitude?

    En ce jour d'octobre, je décidai néanmoins d'entrer. Mais pas pour le contenu du musée. Pour la piscine. En effet, le musée a été installé dans une ancienne piscine de l'époque "art déco", qui valait peut-être le détour.

    Je pris donc mon courage à deux mains, et entrai. Mais sans doute pas avec les meilleures dispositions intellectuelles. Après avoir payé, me voilà dans le hall d'entrée, partiellement encombré par des matériaux pour des travaux. Je repérai deux vitres tenant verticalement sur une palette de bois, protégées sur deux tiers, à droite et à gauche, par un morceau de carton marron, un gros morceau de polystyrène blanc entre les deux cartons. Je pris des photos, et je demandai à une gardienne, assise près de là, quel était l'artiste qui avait réalisé cette oeuvre formidable. Elle me regarda bizarrement et bafouilla que c'était juste des trucs pour les travaux. L'air penaud, je lui présentai mes excuses en disant que je ne m'y connaissais pas trop en art contemporain.

    Pas mécontent de cette entrée en matière, je débutai donc ma visite. Je dois reconnaître qu'elle en valait la peine.

    Pour le bâtiment d'abord. La salle du bassin de l'ancienne piscine donne un cachet très particulier à cette exposition de sculpture. L'avantage d'y aller en automne est, qu'en y passant deux fois, une fois en début d'après-midi en arrivant, et une fois en fin d'après-midi en partant, on peut admirer la piscine avec deux luminosités différentes, donc dans deux ambiances différentes.

    Pour les œuvres ensuite. Il y a bien quelques choses sans intérêt, et aussi quelques horreurs. Mais il faut essayer de s'en abstraire, comme les crottes qu'il faut parfois éviter lorsqu'on visite une belle rue historique.

    Près de la piscine d'abord, de superbes plâtres et bronzes. Par exemple deux plâtres de 1878, préparés pour l'Opéra de Paris, représentant Haendel et Lully, assis en majesté. Ensuite, le long des couloirs sont accrochés des tableaux dont certains valent la visite; on ne peut qu'être hypnotisé par le "portrait de madame Hébert" de Victor Mottez; ou être pensif avec la petite fille "le soir sur la lande" d'André Brouillet.

    Les peintures sont aussi l'occasion de se replonger dans la France populaire de naguère; le "jeu de bourles en Flandre" de Rémy Cogghe est l'occasion d'admirer des joueurs passionnés par la position de leurs "bourles", qui sont d'épais disques ressemblant à de petites tommes de fromage. On n'est pas à Marseille; ce ne sont pas des boules de pétanque; le ciel n'est pas d'un bleu éblouissant; mais, comme dans le Sud, çà a l'air de discutailler ferme sur la position des bourles. Le "combat de coqs" du même peintre, le "marché aux oiseaux" d'Henry-Gaston Darien, le tableau  "après l'office" de Paul Chocarne-Moreau continuent d'évoquer ce passé si proche et si lointain.

    En résumé et en conclusion, si vous passez dans le coin, ne fuyez pas à cause de l'extérieur du musée. C'est comme un saphir dans une bouse. Un superbe musée à visiter, à la fois pour la piscine art déco que pour les œuvres.

     


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