On connaît déjà le chanteur Calogero pour quelques chansons qui ont obtenu un certain succès, à défaut d'être mémorables (« en apesanteur»).

Son dernier album, « les feux d'artifice », marquera peut-être un peu plus.

D'abord avec la chanson « un jour au mauvais endroit ». Son thème est l'assassinat de deux personnes, par une quinzaine d'agresseurs, à Echirolles, dans la banlieue de Grenoble, le 28 septembre 2012. Il y a forcément un peu de niaiserie; «les cafés, les cinémas, je n'y retournerai pas»; on ne sait pas si c'est là le maximum de spiritualité dont est capable Calogero, ou si c'est le niveau de but dans la vie qu'il attribue à la jeunesse des banlieues. Un peu de niaiserie politique aussi, pour ne pas être attaqué par l'établissement politico-médiatique: «Qui a mis çà, la guerre dans nos quartiers? L'abandon, l'ennui, la télé.» Au moins là, Calogero n'aura pas d'ennuis: pourquoi une bande a-t-elle massacré deux personnes? Parce qu'ils s'ennuient, et parce qu'il n'y avait rien d'intéressant à regarder à la télé! Dis-moi, Calogero! Franchement! Seulement entre nous deux. Tu es sûr que c'est l'explication? Toi, quand tu t'ennuies, tu prends ta batte de base-ball et tu rameutes tous les gens de ton immeuble pour aller tuer quelqu'un? Mais malgré ces précautions, cette chanson, qui demande le rétablissement de la sécurité («plus jamais çà!»), pourrait devenir l'hymne du front national pour la prochaine élection présidentielle.

Peut-être pour d'avance se faire pardonner çà, Calogero a glissé dans l'album une chanson en faveur du "mariage" homosexuel: «j'ai le droit aussi».

Mais la chanson la plus réussie du disque, et sans doute de la carrière du chanteur, est «le portrait».

« Il rêve couché sur un parquet

Dans les bras de sa mère

Dessinée à la craie.

Tous les soirs en secret

Ce dessin il le fait ».

On comprend assez rapidement qu'on nous parle d'un petit garçon qui a perdu sa mère.

« A chaque fois que passe un avion

Il se dit que c'est peut-être elle

Qui passe au-dessus de sa maison

On lui a dit qu'elle était au Ciel ».