A propos de l'actuelle vague d'immigration en Europe, j'ai entendu plusieurs fois l'argument des "boat-people", ces populations du Sud-Est asiatique qui fuyaient la terreur communiste. La France a accueilli 120.000 boat-people sans problème, il y a quelques décennies; pourquoi ne pourrions-nous pas accueillir sans problème la nouvelle vague d'immigration, nous dit-on.

Avec cet argument, on veut nous montrer que comme on a déjà accueilli sans gros problème une importante population de réfugiés dans un passé proche, les vagues suivantes ne poseront pas de problèmes.

Mais, en fait, ceux qui nous donnent cet argument ne se rendent pas compte que non seulement cet argument ne convainc pas, mais qu'en plus, il contribue à renforcer le sentiment anti-arabe et anti-musulman. Parce qu'en entendant çà, une grande partie de la population française se dit: c'est bien vrai çà. Et ces immigrés asiatiques, que nous avons accueillis, respectent notre pays: ils ne brûlent pas nos voitures, ne nous interdisent pas de manger du porc et ne prévoient pas de rafaler dans nos villes à la kalachnikov.

Et d'ailleurs, les Français seraient sans doute prêts à accueillir demain matin 100.000 Cambodgiens ou Vietnamiens en France, s'il y avait cette nuit une catastrophe naturelle dans leur pays. Mais ils ne veulent pas vraiment qu'on leur impose 100.000 musulmans supplémentaires.

L'argument de la crise et du chômage en France n'est pas forcément l'argument le plus pertinent pour expliquer la réticence des peuples européens à subir l'immigration de nouveaux musulmans.